Par cette adaptation du grand mythe crée par Bram Stoker au XIXème siècle, la Compagnie de Vive Voix offre au public un florilège de masques, pantomimes, chants, combats, danses et clins d’œil à notre époque.
Cinq comédiens formés à l’art exigeant de la commedia dell’arte jouent 13 personnages et retracent, sous nos yeux, l’histoire du comte Dracula.
La pièce rend également hommage aux œuvres cinématographiques ayant traité le même thème. On pense à Nosferatu de Murnau et celui de Werner Herzog, Draculade Francis Ford Coppola ou encore Le bal des vampires de Roman Polanski.
Dracula est un roman épistolaire de l’écrivain irlandais Bram Stoker, publié en 1897.
L’intrigue se situe au XIXe siècle. Jonathan Harker, jeune notaire anglais, est envoyé en Transylvanie pour rencontrer un client, le comte Dracula, nouveau propriétaire d’un domaine à Londres. A son arrivée, il découvre un pays mystérieux et menaçant, dont les habitants semblent terrorisés dès que le nom de Dracula est prononcé. Malgré la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu’éprouver une angoisse grandissante. Très vite, il se rend à la terrifiante évidence : il est prisonnier d’un homme qui n’est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres…
Grand classique de la littérature de vampires, best-seller partout dans le monde, Dracula est une source d’inspiration inépuisable.
En ces temps de crise profonde, de perte de sens et de vents mauvais, Dracula a le vent en poupe et ce n’est pas par hasard. Il doit avoir des affinités avec les pulsions rationalisées et les raisons devenues folles qui mènent le monde des bipèdes. Ce monstre imaginaire nous parle de ce qu’il y a de mortifère et d’inhumain dans l’homme, de ce possible impensable qui pointe son museau à toutes les époques en termes de despotisme, de violence inouïe, de totalitarisme et de recherches de boucs émissaires.
Les vampires, les rats porteurs de peste et les jeunes loups : « enfants de la nuit » purulent et pullulent partout, idéologies extrêmes, fanatismes religieux, violence froide, chiffrée et glacée des experts comptables et des économistes, entrepreneurs, (tout prendre entre soi ?) chantres de la compétitivité. Les nouveaux vampires portent souvent des costards gris mais leurs projets restent aussi noirs que ceux des vampires romantiques à longue cape.
C’est pourquoi j’ai voulu en parler dans « Dracula, tragedia dell’ arte », en m’appuyant sur le synopsis de Bram Stoker, qui permet de livrer une vision à demi masquée (aux deux sens du terme) de notre époque libérale post moderne, bien plus gothique (au sens Rabelaisien du terme ) qu’elle ne le croit derrière tous ces gadgets hightechs et tocs.
Le Dracula de Bram Stoker, nous parle aussi d’humanité, de solidarité, d’amour, de liens symboliques et de résilience. La vie blessée surmonte les miasmes inféconds de la grande perversité et repart de plus belle. Le jeu masqué italien d’origine populaire, est basé sur l’énergie et la proximité, l’espérance triomphe toujours à la fin de la pièce. Alors jouissons de tout, de la peur, du fantastique, des monstres de la nuit et du rire qui allège et libère.
Régis MONOT